Les insectes pollinisateurs

En France métropolitaine, on compte 20 à 25 000 insectes "floricoles", qui se nourrissent dans les fleurs. Toutes ces espèces n'ont pas la même efficacité pollinisatrice.

Une diversité de pollinisateurs

Parmi les insectes floricoles, on rencontre essentiellement les pollinisateurs dans 4 grands ordres :

  • Hyménoptères,
  • Diptères,
  • Lépidoptères,
  • Coléoptères.

Mais de nombreux autres ordres d'insectes se nourrissent également dans les fleurs. Ils peuvent ainsi participer au transport des grains de pollen. C'est par exemple le cas des Hémiptères (punaises), des Névroptères (chrysopes), ou des Dermaptères (perce-oreilles)...

Les hyménoptères, focus sur les abeilles

Les hyménoptères, focus sur les abeilles

Reconnaissables avec leurs 2 paires d’ailes membraneuses, les hymenoptères représentent 8 870 espèces en France, presque tous les adultes sont floricoles : Guêpes, Fourmis, Ichneumons, Micro-hyménoptères, Tenthrèdes…

Au sein de cette famille, les abeilles sont des insectes à taille fille, pourvus de poils branchus qui, pour la plupart, récoltent du nectar et du pollen pour leurs larves. Il existe près de 1000 espèces d'abeilles en France métropolitaine, près de 2000 en Europe et plus de 20 000 dans le monde. Selon la taxonomie admise, on distingue 6 familles d'abeilles en Europe et 9 familles dans le monde.

La diversité des abeilles est impressionnante. Il en existe des petites, des grandes, des velues, des glabres, des jaunes, noires, rouges, bleues, vertes... à langue courte ou à langue longue, spécialisées ou généralistes ; certaines sont printanières, d'autres estivales ou encore automnales. Elles ne font qu'une seule génération ou plusieurs par an.

Leur écologie est diversifiée. Elles peuvent être eusociales (colonie organisée en caste), subsociales, grégaires, mais la majorité est solitaire. Elles nichent en majorité (> 70 %) dans le sol, en creusant des galeries. Certaines espèces vont construire leur nid dans les tiges creuses ou à moelle tendre, dans le bois mort, en prélevant de la boue, des feuilles, des pétales, des poils, de la résine, etc.

L'abeille mellifère (Apis mellifera) est une espèce au sein de cette grande famille. La seule espèce domestiquée et exploitée pour les produits de la ruche (apiculture) : miel, propolis, pollen, gelée royale et venin.

  • Les grandes familles d'abeilles

    En simplifiant un peu les choses, dans le monde des abeilles, on rencontre : Parmi les Andrénidés (Andrenidae) :

    • les abeilles des sables (sand bees) : = Andrena

    Parmi les Halictidés (Halictidae) :

    • les abeilles de la sueur (sweat bees) car certaines sont parfois attirées par la sueur, comme certains papillons. On les appelle aussi les abeilles des chemins, car elles ont tendance à nicher dans des sols tassés = Halictus, Seladonia, Lasioglossum (Autres genres Ceylalictus, Dufourea, Nomiapis, Nomioides, Rophites, Rhopitoides, Systropha)

    Parmi les Collétidés (Colletidae) :

    • les abeilles masquées (yellow-faced bees) : petite glabres, brillantes, sans structure de récolte, elle prélèvent nectar et pollen dans leur jabot = Hylaeus
    • les abeilles à membrane (cellophane bees) : moins diversifiées, souvent spécialisées, leurs larves se protègent à l'aide d'une on les rencontre tôt au printemps, en été et d'autres assez tard à l'automne = Colletes

    Parmi les Mélittidés (Melittidae) :

    • les abeilles à culotte : dont les patres postérieures possèdent de longs poils pour la récolte du pollen = Dasypoda
    • et d'autres Melittidae assez spécialisées : Melitta, Macropis

    Parmi les Apidés (Apidae) :

    • les abeilles charpentières (carpenter bees) : qui nichent dans le bois mort et sec = Xylocopa
    • les abeilles de la moelle (pith-nesting bees) de petites cousines qui nichent dans les tiges cassées moelle tendre (ronce, sureau...) = Ceratina
    • les abeilles à longues antennes (long-horned bees) : les antennes des mâles dépassent la moitié de l'abdomen = Eucera, Tetralonia, Tetraloniella
    • L' abeille mellifère (Apis mellifera) est la seule espèce domestiquée et exploitée pour les produits de la ruche
    • Les bourdons bien sûr qui sont de grosses abeilles très poilues, plus répandues dans le nord et en altitude = Bombus
    • autres genres d'Apidae : Anthophora, Amegilla, Habropoda...

    Parmi les Mégachilidés (Megachilidae) :

    • les abeilles maçonnes (mason bees) : qui récoltent de la boue pour fermer leur nid avec un torchis = Osmia, Hoplitis, Megachile (Chalicodoma)
    • les abeilles hélicicoles : qui nichent dans les coquilles d'escargot vides = Osmia, Anthidium...
    • les abeilles coupeuses de feuilles (leaf cutter bees) : qui découpent des morceaux de feuilles pour fabriquer de petites loges larvaires (un peu comme des cigares) = Megachile
    • les abeilles coupeuses de pétales : qui tapissent les parois de leur nid (ou des cellules) d'un papier-peint coloré (nest wallpaper) = Hoplitis, Osmia
    • les abeilles cotonnières (wool-carder bees) : qui récoltent des poils sur les plantes tomenteuses (velues) pour confectionner leur nid = Anthidium
    • les abeilles résinières (resin bees) : qui fabriquent leurs nids à l'aide de résine collectée sur les conifères = Anthidiellum
    • autres genres de Megachilidae : Chelostoma, Heriades, Trachusa...

    Enfin, parmi cette grande diversité d'abeilles, certaines espèces ont évolué pour devenir des parasites. Ce sont les abeilles-coucous. Elles ne récoltent pas dans les plantes mais profitent d'une espèce-hôte. On les rencontrent dans 3 familles :

    • les Halictidae : avec les Sphecodes dont l'abdomen est tout ou partie rouge
    • les Apidae : avec les Bombus (Psithyrus), Epeolus et Triepeolus, Nomada, Melecta et Thyreus. Mais aussi (moins fréquents), les Ammobates et Ammobatoides, Biastes, Pasites et Epeoloides
    • les Megachilidae : avec les Coelioxys, Dioxys, Stelis

Abeille domestique et abeilles sauvages

La diversité des abeilles et la pollinisation ne peut se résumer à la seule Abeille mellifère. A l'instar des poules pondeuses, cette espèce d'abeille a été sélectionnée (pour produire plus), on lui fournit une maison, elle est soignée, déplacée et même nourrie en cas de manque de nourriture. Mais aussi performante soit-elle, cette abeille domestiques ne peut pas à elle seule remplir toutes les fonctions d'un millier d'autres abeilles, sans compter les milliers d'autres insectes pollinisateurs : mouches, papillons, scarabées... Ainsi, installer des ruches pour pallier l'effondrement des insectes pollinisateurs et la perte du service de pollinisation revient à tenter d'enrayer la disparition des oiseaux sauvages en installant des poulaillers partout.

Par ailleurs, l'évolution des pratiques conduit à intensifier toujours plus les productions et à regrouper les colonies... Pourtant plusieurs études montrent qu'au delà de 4 à 6 ruches au km2, l'activité pollinisatrice des espèces sauvages est perturbée. Ainsi en cas de fortes densités de ruches, les centaines de milliers d'ouvrières qui sortent butiner, s'abattent sur les ressources florales et peuvent sévèrement affecter les populations de pollinisateurs sauvages :

  • compétition alimentaire (spoliation de la nourriture),
  • transmission de parasites et de maladies (aux abeilles sauvages),
  • modification des communautés végétales (en favorisant certaines espèces aux dépends d'autres).

Le bourdon (Bombus) est un genre d’abeilles sont souvent confondus avec les mâles d’abeilles. En France, il en existe une cinquantaine d'espèces. On les reconnaît à leur taille (jusqu’à 3 cm pour les reines !) et leur pelage fourni, aux couleurs chatoyantes : rayures jaune vif et noires et touffe blanche pour le bourdon terrestre, ou encore pelage noir et extrémité rousse pour le bourdon des pierres. Ce pelage touffu permet aux bourdons de transporter de généreuses quantités de pollen d’une fleur à l’autre. Les bourdons à la langue longue comptent aussi parmi les seuls capables de récolter le nectar de fleurs à la corolle étroite, en particulier en montagne, comme les aconits, ou même les trèfles... des plantes dont les chances de survie seraient faibles si les bourdons disparaissaient !

Les diptères

Les diptères n’ont qu’une paire d’ailes. Ils sont près de 9 285 espèces en France, presque tous les adultes sont floricoles. Ils comprennent de très nombreuses familles de moustiques et moucherons et de mouches, dont les fameux Syrphes (Diptera Syrphidae), qui représentent environ 550 espèces en France.

Les lepidoptères ou papillons

Les Lépidoptères ou papillons, dont les 4 ailes sont recouvertes d’écailles représentent 5 700 espèces en France, presque tous les adultes sont floricoles. On distingue : les Papillons de jour (Lepidoptera Rhopalocera), dont les antennes sont en forme de massue (Rhopalocères), soit 272 espèces en France. Les papilons de nuit (Lepidoptera Heterocera), dont les antennes sont différentes (Hétérocères), qui représentent 5 500 espèces en France. 95 % des papillons sont donc des papillons de nuit, même si certains volent de jour.

Les coléoptères

Les Coléoptères possèdent 2 paires d’ailes, dont la première constitue un étui (élytre) pour protéger la seconde. Ils sont plus de 12 000 espèces en France, dont plusieurs milliers comptent des adultes floricoles : Scarabées, Cantharides, Méloés, Mordéllides, Clérides, (Coccinelles) et de nombreux autres...

Les pollinisateurs en danger

Les menaces que subissent les pollinisateurs sont nombreuses et d’origine humaine :

  • Pollutions, intoxication des milieux (pesticides et autres biocides de synthèse, industrie, transport, habitation...)
  • Destruction et fragmentation des habitats (haies, prairies naturelles, talus, friches...).
  • Uniformisation, banalisation des paysages et des pratiques agricoles, sylvicoles et de jardins. Par exemple la tonte intensive, précoce et répétée.
  • Introduction d’espèces exotiques ; introduction de parasites et pathogènes,
  • Embrasement climatique et les changements globaux induits…

Mais l'effondrement de la biodiversité n’est pas seulement la perte de quelques populations animales ou végétales. C'est aussi la diminution de la capacité d’adaptation et d’évolution, la disparition des milieux naturels et donc également la perte de nombreuses fonctionnalités et services écosystémiques. Alors, il est temps d'agir !